Premières campagnes - troupes de montagne

           D’une manière étonnante, mais qui se reproduira souvent au cours de l’histoire, ce n’est pas dans les Alpes que les alpins reçurent leur baptême du feu mais outre-mer : à Madagascar en 1895, puis au Maroc de 1912 à 1914. En effet, le 40e B.C.P., mis sur pied avec des volontaires pour intervenir à Madagascar eut ses quatre premières compagnies formées de chasseurs alpins provenant des 11e, 12e, 14e et 22e B.C.A.
           Après un long voyage, ils débarquèrent à Majunga et participèrent aux combats de Metavanana et de Beritzoka. Très éprouvés par les fièvres qui lui enlèvent près de six cent chasseurs (comme à presque toutes les unités métropolitaines engagées dans cette campagne), le 40e B.C.P. est rapatrié vers la France fin 1895, mais les Alpins ont contribué à faire inscrire Madagascar sur le drapeau des chasseurs.
           En 1912, le Général Lyautey réprime au Maroc une importante rébellion menée par les guerriers berbères. Ces redoutables montagnards, une fois leurs coups de main exécutés, se retirent dans les montagnes de l’Atlas où ils sont indélogeables pour toutes les unités de l’Armée d’Afrique lancées à leur poursuite.
           Lyautey demande des Alpins et ce sont les 7e et 14e B.C.A. qui sont désignés pour le Maroc et partent à l’automne 1912 en formant chacun un groupe alpin, c’est-à-dire avec leurs artilleurs et leurs pionniers. Au Nord, le 7e et au Sud le 14e, parfaitement organisés pour ce genre de combat, vont participer à de multiples engagements souvent meurtriers : le 14e se distinguera particulièrement à Dar-el-Kadi.
           Ainsi, lorsque le commandement rappellera le 7e B.C.A. en France fin 1913, le Général Lyautey protestera farouchement et écrira au ministre : «L’expérience faite depuis un an contre un adversaire de premier ordre a fait ressortir avec éclat la valeur et l’instruction de ces unités formées à la bonne école, entièrement à la main de leurs chefs et rompues à la manoeuvre ». Le 14e B.C.A. restera dix mois de plus et ne quittera le Maroc que pour s’embarquer vers la métropole le 2 août 1914.