Naissance des alpins - Copier - troupes de montagne

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Naissance des alpins - Copier

Historique

 
Naissance des alpins

La loi de décembre 1888 constitue l'acte de naissance des Troupes Alpines françaises, confirmant que certains bataillons de chasseurs à pied seraient désormais "plus spécialement chargés d'opérer dans les régions montagneuses" et en fixant le nombre à douze.
Cette loi officialise également l'existence des batteries alpines et des sections de génie alpin, chacune rattachée à l'un des nouveaux bataillons alpins de chasseurs à pied.
En 1889, l'infanterie alpine sera créée.






 

    A peine la guerre de 1870 terminée, alors que la France entière ne vit plus que les yeux fixés sur la ligne bleue des Vosges, il y a heureusement quelques hommes qui eux voient le danger transalpin. Le premier d'entre eux, M. Cezanne, député des Hautes Alpes (un des fondateurs du Club Alpin Français), s'inquiète dès 1873 de ces « compagnies alpines formées d'hommes de choix, de cadres et d'officiers d'élite, préparées à la guerre en montagne ». Il demande le détachement de troupes d'élite sur les Alpes pour faire face à ces « agiles tirailleurs piémontais» et préconise par la suite une inscription alpine s'inspirant de l'inscription maritime qui permettrait de « laisser le montagnard sur son roc comme le marin sur la mer ».

  Il fallut attendre 1878 pour que le Lieutenant-Colonel Zédé propose au Général Bourbaki gouverneur militaire de Lyon, d'expérimenter des manœuvres en haute montagne avec un bataillon de chasseurs à pied. Le choix du commandement se porte sur le 12e Bataillon de Chasseurs à Pied qui rentrait d'Algérie et qui était commandé par le commandant Arvers, montagnard confirmé, membre du Club Alpin Français de Lyon.

    Cette expérimentation commence en 1879 et va durer pour le 12e jusqu'en 1885, le 13e et 14e B.C.P. venant par la suite renforcer ces essais. Le 12e, sous l'énergique commandement du commandant Arvers, va toujours rester en pointe de cette expérimentation ;
il va parcourir les Alpes du Mont-Cenis à la Tinée, franchir près de 200 passages et cols de la frontière, emprunter des itinéraires encore jamais utilisés par des militaires. Le bataillon tout entier sera fait membre d'honneur du C.A.F. de Lyon après l'ascension de la Barre des Ecrins par un détachement du 12e commandé par deux officiers. Le Général Ferron, sous-chef d'état-major du Ministre de la Guerre, suit ces efforts avec intérêt et ordonne l'exécution de marches manoeuvres alpines systématiquement tous les ans. A cette occasion, certains régiments de ligne feront des séjours de dix jours en montagne, alors que les bataillons de chasseurs à pied (12e, 13e et 14e) y resteront trois ou quatre mois. Ils cantonnent dans des villages autours desquels ils rayonnent, reconnaissant les itinéraires et les passages de la frontière, exécutant des tirs sur les lieux mêmes.

    En 1886, il est mis sur pied les premières « escouades franches », ancêtres des futures Sections d'Eclaireurs Skieurs : elles sont formées d'un sergent, d'un caporal et d'une quinzaine de chasseurs d'élite, rudes montagnards, robustes physiquement et moralement, excellents tireurs et capables de recevoir des missions individuelles. Ces escouades franches doivent pouvoir renseigner loin en avant du bataillon ou sur ses flancs ; pour cela, elles doivent souvent emprunter des itinéraires aux difficultés alpines plus importantes que ceux utilisés par le gros du bataillon.

    Cette connaissance des techniques d'escalade leur permet ainsi d'équiper des passages délicats pour y guider des compagnies moins expérimentées. Leur capacité à se déplacer rapidement en terrain difficile, donc d'arriver par des itinéraires inattendus, leur habileté au tir, leur habitude d'exécuter des missions particulières leur vaut aussi d'être utilisées pour des coups de mains et des embuscades, en offensive comme en défensive ; ce qui permet d'affirmer que ces « escouades franches » sont les premiers commandos français.

    La même année sont mises sur pied des batteries alpines rattachées aux bataillons de chasseurs pendant les manœuvres, car les expérimentations ont fait apparaître le besoin d'un appui direct des fantassins. Ces batteries sont équipées du canon de 80 mm système de Bange, démontable en cinq fardeaux portables sur bât, déjà utilisé outre-mer par l'artillerie coloniale, remplacés ensuite par des 65 de montagne plus commodes. Une organisation officielle arrêtée par une loi va concrétiser dans les textes toutes ces expérimentations.

 

12 groupes alpins

   Le Général Ferron avait prévu d'organiser la force alpine en fonction des vallées principales formant axes de pénétration avec l'Italie : il préconisait donc douze bataillons de chasseurs à pied spécialisés, renforcés chacun d'un petit élément du génie et d'une batterie alpine. Chaque « groupe alpin » ainsi constitué autour d'un bataillon se voyait confier la responsabilité de la défense d'une vallée. Cette organisation logique et extrêmement novatrice par son idée de groupement interarmes agissant seul dans le cadre d'une vallée fut arrêtée en 1887, mais le génie bien français de la chicane parlementaire n'allait le faire aboutir que fin 1888. Un certain nombre de projets furent successivement repoussés : chasseurs des Alpes de type helvétique, chasseurs de montagne créés par suppression de bataillons à pied... Enfin, le projet Reille fut adopté le 10 juillet 1888 et après un dernier remaniement, la loi du 24 décembre 1888 « modifiant l'organisation des chasseurs à pied » créait les douze premiers bataillons alpins de chasseurs à pied, celle du 27 décembre créait les batteries alpines. Chasseurs alpins et artilleurs de montagne forment donc bien les premières troupes alpines françaises.

    Déjà habitués à travailler avec les chasseurs pendant la phase d'expérimentation, les artilleurs des 12 batteries de montagne, regroupés au 2e Régiment d'Artillerie dans le XIVe Corps et au 19e dans le XVe Corps, vont former avec eux des groupes alpins qui manoeuvreront tous les étés ensembles, marchant au même rythme qu'eux, équipés comme eux, les appuyant au plus près de leurs canons à tir direct. Ils seront d'ailleurs souvent confondus avec les chasseurs dans l'esprit du grand public et ce n'est que justice, car leurs exploits alpins sont équivalents, leur amour de la montagne égal et leur enracinement dans la population identique. Leur recrutement est le même, le critère de choix pour le conseil de révision est le plus souvent la taille et la force pour un artilleur qui doit pouvoir débâter une mule chargée d'un canon sans difficulté. De leur côté, les chasseurs sont choisis plutôt parmi les plus petits ayant la réputation d'être plus agiles en montagne, dont ils sont tous originaires. Les groupes alpins sont renforcés d'un détachement de pionniers du génie provenant du 4e Génie dans le XIVe Corps et du 7e Génie dans le XVe Corps. Ces détachements sont équipés comme les bataillons qu'ils renforcent, ils servent de conseillers techniques et de spécialistes des explosifs aux chasseurs et aux artilleurs, aussi bien dans le contexte tactique (aide à la mobilité et à la contre-mobilité) que dans les travaux d'aménagement des vallées qui sont exécutés conjointement aux marches manoeuvres d'été.

L'armée des Alpes dont le commandement est confié au Général Berge regroupe les 12 groupes alpins formés autour des bataillons de chasseurs à pied stationnés en hiver à : Grenoble 14e et 30e. Annecy 11e, Chambéry 13e, Albertville 22e, Embrun 12e, Barcelonnette 28e, Draguignan 7e, Grasse 23e, Nice 6e, Villefranche 24e et Menton 27e. Il apparaît très rapidement qu'il faut un 13e groupe pour verrouiller un certain nombre de passages de la Haute Maurienne, secteur du 13e B.C.A., mais trop large pour un seul groupe ; or il n'y a plus de bataillons de chasseurs disponibles ni dans le XIVe ni dans le XVe Corps (ils ne sont pas embrigadés mais dépendent directement du Corps d'Armée).

    On va donc « alpiniser » un des bataillons du 97e Régiment d'Infanterie en garnison à Chambéry. Le premier bataillon du 97e va être équipé comme les bataillons de chasseurs. mais conservera la tenue de « biffin » au pantalon garance. Renforcé de la 12e batterie alpine du 2e Régiment et d'un détachement du 4e Génie, il formera le groupe alpin 3 Bis centré sur Modane. La création de l'Infanterie Alpine remonte donc au 11 décembre 1889. Très rapidement ce bataillon va devenir l'égal de ses camarades chasseurs : il parcourera tous les sommets de la Haute Maurienne hiver comme en été et y effectuera d'importants travaux entre la pointe de Fréjus et le Mont Thabor. Avec l'implantation de trois nouveaux régiments d'infanterie appelés tout d'abord « régionaux » puis, au fur et à mesure de leur équipement, « d'infanterie alpine » (157e, 158e et 159e) les Alpins du 97e vont rapidement ne plus être les seuls fantassins à participer à la défense des Alpes.


 
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